Ci-dessous un rappel du plan structuré corrigé du thème de réflexion étudié en examen blanc le 20 mars.
Enoncé (article du "Monde" du 7 mars 2013)
Sujet : A partir des éléments d’actualité ci-dessus et de votre connaissance du cours, expliquez la manière dont la politique monétaire d’une banque centrale peut
transmettre ses effets à l’économie réelle et mettez en évidence les limites (théoriques et pratiques) possibles de cette transmission.
Introduction
Institution et rôle d'une banque centrale.
Illustration avec le cas de la BCE : 17 pays, 17 gouvernements et parlements, 17 politiques budgétaires, une politique monétaire (plus coordination des relations avec les monnaies de l'UE hors
zone €). Situation actuelle : prolongements de la crise des dettes souveraines des Etats de la périphérie (Irlande, Espagne, Grèce, Italie, Portugal), qui ont touché l'euro en tant que monnaie.
=> la BCE est en première ligne pour gérer la crise via sa politique monétaire
Intérêt du texte : met en évidence une situation de communication du gouverneur de la BCE (indépendant du pouvoir politique, donc très écouté) suite à un événement politique majeur touchant l'un
des pays concernés par la crise des dettes souveraines : l'Italie. Montre aussi que la décision de la BCE est finalement de ne pas modifier son taux directeur (repo). Mais soulève la question de
l'efficacité de cette politique dans le contexte de la crise continue des finances publiques et des économies de la zone euro.
Dans quelle mesure la politique monétaire dispose-t-elle de moyens efficaces pour transmettre ses effets à l'économie ? Le cas de la BCE en situation de crise.
1. Les interventions traditionnelles de la BC et leurs effets
1.1. L'outil traditionnel de la politique monétaire d'une B.C : le maniement des taux directeurs
- description du marché interbancaire
- l'intervention de la BC sur le marché monétaire
- l'encadrement du taux du marché interbancaire par les taux directeurs
- la transmission : la courbe des taux (structure par termes des taux d'intérêt).
RQ : en général, la BC sélectionne de manière stricte la qualité des créances sur l'économie qu'elle accepte en contrepartie de son intervention
1.2. Quelle efficacité pour quels objectifs d'une politique de taux ?
-débat Keynes puis post-keynésiens / monétaristes sur les canaux de transmission des interventions de la BC sur le marché du crédit, puis à l'économie : influence des taux d'intérêt,
anticipations des agents économiques, illusion monétaire, problème des délais de réaction
=> conclusions différentes (opposées parfois) sur le statut des BC, leurs objectifs, les conditions d'efficacité de leur action. Illustrer par une comparaison BCE / Fed.
2. En situation de crise financière, la politique monétaire s'adapte
2.1. Comment traiter les situations de crise ? de la théorie à la pratique
Cas de crise traité par J.M. Keynes : la "trappe à liquidités" : demande de monnaie infiniment élastique au taux d'intérêt car toute quantité de monnaie supplémentaire injectée dans l'économie
est immédiatement thésaurisée.
=>Dans ces conditions, inefficacité de la politique monétaire et nécessité d'utiliser la politique budgétaire.
Dans ce cas, sommes-nous dans une situation de trappe à liquidités ?
- comme dans la situation de trappe à liquidités, le risque inflationniste est très limité. Pas de risque monétaire immédiat lié à une nouvelle baisse des taux directeurs
- comme dans la trappe à liquidités, des doutes pèsent sur l'efficacité d'une éventuelle baisse des taux : non homogénéité des réactions des différents pays de la zone euro, faible niveau
(historiquement bas) des taux déjà atteint, et la courbe des taux a varié plusieurs fois dans les trois dernières années.
- par ailleurs, la baisse des taux n'a pas eu d'effet sur le taux de change de l'euro, qui reste élevé et dépend d'autres paramètres, tout en exerçant une pression sur l'activité de la zone.
2.2. La politique monétaire s'adapte, au point de se mêler parfois de politique budgétaire
Pour éviter le maintien de taux longs élevés sur les dettes souveraines des pays de la périphérie de la zone euro, la BCE a commencé par accepter des titres de moins bonne qualité (gonflement de
son bilan) puis -automne 2012- introduit un mécanisme "non conventionnel" (non monétariste) de plus : les OMT.
L'annonce de leur mise en place a suffi a décourager la spéculation sur ces titres, les taux ont pu baisser.
Remarque : la mise en oeuvre de ce mécanisme nécessite que le pays accepte de placer sa politique budgétaire sous la tutelle du MES => cet aspect de la politique des OMT est plus friedmanien
que keynésien.
On est donc en présence d'une politique monétaire de type keynésien combinée à des conditions monétaristes posées à sa mise en oeuvre.
Un autre problème est l'usage fait par le secteur financier des liquidités injectées par la BCE : pour l'instant pas d'inflation, mais pas de reprise de l'investissement non plus. Le risque est
celui d'une ré-orientation des flux vers les marchés d'action, nourissant une spéculation qui reproduirait les déséquilibres ayant conduit dans les années 2000 à la crise, tout en ne permettant
pas le redémarrage de l'investissement productif et de la production.
Conclusion
Toute situation de crise se caractérise par une remise en cause des institutions en place et des choix politiques. Ici, il s'agit des institutions qui encadrent la politique monétaire de la zone
euro, qui ont déjà plusieurs fois transformé leur vision et leurs usages des outils à leur disposition.
Le problème de la conjoncture actuelle en zone euro se caractérise par la combinaison des éléments suivants :
- une défiance générale du secteur privé envers les titres de dette souveraines de plusieurs pays de la zone euro
- une situation rappelant fortement celle de la trappe à liquidités
- une croissance économique nulle ou négative
La BCE n'est pas en mesure de régler à elle seule tous ces problèmes. Elle a pu jusqu'ici parvenir à des résultats sur le premier chantier, en renonçant à certains des principes monétaristes sur
lesquels elle fondait jusqu'alors sa politique. Mais elle ne dispose pas des moyens nécessaires pour venir à bout des deux suivants.